Pathologies du Béton : Le Guide pour Identifier Fissures, Épaufrures et Corrosion

Le béton armé est le matériau de construction par excellence, synonyme de force et de durabilité. Pourtant, comme tout matériau, il vieillit et peut développer des « maladies ». En pathologie du bâtiment, on ne parle pas de maladies mais de désordres, des dégradations qui, si elles ne sont pas diagnostiquées et traitées à temps, peuvent évoluer et compromettre la sécurité de l’ouvrage.  

Savoir reconnaître les premiers symptômes est donc essentiel pour tout propriétaire, gestionnaire de patrimoine ou professionnel du BTP. Cet article est conçu comme un guide visuel pour vous aider à identifier les pathologies les plus courantes du béton, à comprendre leurs causes et à mesurer les risques qu’elles représentent. Pour une vue d’ensemble du processus de diagnostic, vous pouvez consulter notre (https://ferdetec.com/les-etapes-cles-dun-diagnostic-approfondi-de-structure-en-beton/).

  1. La Fissuration : Le Langage du Béton sous Contrainte

Une fissure est le signe le plus courant qu’une structure subit des contraintes. Cependant, toutes les fissures ne sont pas synonymes de danger imminent. Leur forme, leur taille et leur emplacement sont des indices précieux pour un expert. On distingue principalement deux grandes familles de fissures.  

Les Fissures de Retrait et le Faïençage

  • Identification Visuelle : Ces fissures sont généralement fines (inférieures à 0,2 mm), superficielles et forment un réseau maillé, un peu comme une toile d’araignée. Ce phénomène est aussi appelé « faïençage ».  
  • Causes Probables : Elles sont le plus souvent dues au retrait du béton, un phénomène naturel de réduction de volume lors du séchage. Un séchage trop rapide (retrait plastique) ou un mauvais dosage en eau peuvent accentuer ce phénomène.  
  • Conséquences Structurelles : Dans la plupart des cas, l’impact est principalement esthétique. Cependant, ces microfissures peuvent devenir des portes d’entrée pour l’eau et les agents agressifs, ce qui peut à terme conduire à des pathologies plus graves.  

Les Fissures Structurelles

  • Identification Visuelle : Elles sont plus larges (souvent supérieures à 0,5 mm, pouvant atteindre plusieurs millimètres pour les lézardes), plus profondes et souvent traversantes. Leur tracé est généralement logique : verticales au milieu d’une poutre, inclinées à 45° près des appuis, ou en « escalier » le long des joints de maçonnerie.  
  • Causes Probables : L’origine est presque toujours mécanique et sérieuse : tassement des fondations, surcharge de la structure, défaut de conception (ferraillage insuffisant), ou encore un sol instable (argiles gonflantes).  
  • Conséquences Structurelles : Une fissure structurelle est un signal d’alarme. Elle indique que l’ouvrage est en souffrance et que sa stabilité peut être compromise. Une intervention et un diagnostic par un expert sont indispensables.  

2. La Corrosion des Armatures : Le « Cancer » du Béton Armé

La pathologie la plus destructrice pour le béton armé est la corrosion de son squelette d’acier. Le béton sain protège naturellement les armatures grâce à son pH très élevé (supérieur à 12), qui crée une couche protectrice appelée « film de passivation ». Deux principaux agresseurs peuvent détruire cette protection et initier la corrosion.  

  • La Carbonatation : Le CO2 de l’air pénètre dans le béton et, par une réaction chimique, abaisse son pH. Lorsque ce « front de carbonatation » atteint les aciers, la protection disparaît.  
  • L’Attaque par les Chlorures : Les ions chlorures (présents dans les sels de déverglaçage ou en milieu marin) pénètrent dans le béton et attaquent directement le film passif de l’acier, même si le pH est encore élevé.  

Une fois la corrosion amorcée, les conséquences visibles ne tardent pas à apparaître.

Épaufrures et Éclatement du Béton

  • Identification Visuelle : Il s’agit d’éclats de béton de taille variable qui se détachent de la surface, laissant souvent les armatures corrodées apparentes.  
  • Causes Probables : C’est la conséquence directe de la corrosion. En rouillant, l’acier augmente de volume (jusqu’à 6 à 8 fois son volume initial). Cette expansion génère une pression interne immense qui fait littéralement éclater le béton d’enrobage. Un enrobage insuffisant des aciers est un facteur très aggravant.  
  • Conséquences Structurelles : C’est une pathologie grave. L’éclatement du béton expose encore plus les aciers aux agressions, accélérant leur corrosion. La perte de section des armatures réduit la capacité portante de l’élément, ce qui peut, à terme, mener à la ruine de l’ouvrage.  

Coulures de Rouille

  • Identification Visuelle : Des traces ou des taches de couleur ocre à brune qui « coulent » sur la surface du béton, partant souvent d’une fissure ou d’un angle.  
  • Causes Probables : L’eau s’infiltre dans le béton, entre en contact avec des armatures en cours de corrosion, se charge en oxydes de fer (rouille) puis ressort en surface.
  • Conséquences Structurelles : C’est un symptôme et un avertissement. Les coulures de rouille sont le signe visible d’une corrosion active à l’intérieur de la structure. Si le problème n’est pas traité, il évoluera probablement vers des épaufrures et des éclatements.

3. L’Efflorescence : Le Signe d’une Humidité Excessive

  • Identification Visuelle : Dépôts cristallins de couleur blanche, d’aspect poudreux ou cotonneux, qui se forment à la surface du béton ou de la maçonnerie.  
  • Causes Probables : L’efflorescence est toujours liée à un transport d’humidité. L’eau s’infiltre dans le matériau, dissout les sels minéraux solubles (notamment l’hydroxyde de calcium du ciment), puis migre vers la surface. En s’évaporant, l’eau laisse derrière elle ces sels qui cristallisent. Les causes de l’humidité peuvent être multiples : remontées capillaires, infiltrations, fuites, condensation, etc.  
  • Conséquences Structurelles : L’efflorescence en elle-même n’est pas dangereuse pour la structure. Cependant, elle est un indicateur fiable d’un problème d’humidité qui, lui, peut être très dommageable : en favorisant la corrosion des armatures ou les dégradations dues au gel, l’humidité est l’ennemi numéro un du béton.

4. Dégradations dues au Cycle Gel-Dégel

  • Identification Visuelle : L’écaillage (perte de la « peau » du béton), le délitement de la surface, l’apparition de fissures et, dans les cas sévères, l’éclatement du matériau.  
  • Causes Probables : Cette pathologie affecte les bétons extérieurs soumis à l’humidité et à des températures négatives. L’eau présente dans les pores du béton gèle, augmente de volume (environ 9%) et exerce une pression interne qui désagrège progressivement le matériau. L’utilisation de sels de déverglaçage accélère considérablement ce phénomène.  
  • Conséquences Structurelles : La dégradation est progressive. Elle commence par une perte de matière en surface, ce qui augmente la porosité du béton et facilite la pénétration de l’eau et des agents agressifs. À long terme, cela peut conduire à une perte de section de l’élément et atteindre les armatures.

Conclusion : Ne Jamais Ignorer les Signes

Les pathologies du béton sont rarement silencieuses. Fissures, éclats, taches ou dépôts sont autant de messages que votre structure vous envoie sur son état de santé. Les ignorer, c’est prendre le risque de voir un désordre mineur se transformer en un problème structurel majeur, coûteux et dangereux.

Vous observez l’un de ces symptômes sur vos ouvrages? Un diagnostic précoce et précis est la clé pour une réparation efficace et durable. Contactez les experts de Ferdetec pour une évaluation complète et des préconisations adaptées.

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